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Interview de Damien LOHIER co-gérant du Moulin

 

La Charrette du Moulin est issue du Moulin Ă  salades, pouvez-vous nous parler du concept et de vos valeurs ?

Le Moulin Ă  salades a Ă©tĂ© crĂ©Ă© il y a 11 ans. Dans l’idĂ©e de continuer Ă  dĂ©velopper notre concept, Ă  savoir « proposer des produits de qualitĂ© Ă  des tarifs maĂźtrisĂ©s », la Charrette du moulin est nĂ©e il y a un peu plus de 4 ans. Notre premiĂšre boutique Ă©tait tout le temps pleine, nous en avons donc ouvert une 2 -Ăšme rĂ©cemment.

 

Pour proposer la qualitĂ© accessible Ă  tous, et agrandir notre zone de chalandise, l’idĂ©e nous est venue de mettre en place un service de livraison groupĂ©e. Nous voulions rompre avec l’image du livreur qui ne livre qu’une pizza Ă  la fois et recrĂ©er du lien avec le client, mĂȘme en livraison. Avec une seule charrette, nous pouvons servir entre 70 et 90 clients, et ce, de maniĂšre Ă©cologique grĂące Ă  des vĂ©los ou des voitures Ă©lectriques. Nous ciblons des zones nues de restauration rapide.

 

Les 3 bases de notre concept :

Des « bons produits » : locaux, de saisons, du Bio.

Tarifs maßtrisés, accessibles à tous, au tarif des tickets restaurants

Une démarche « entreprise bienveillante » ou « libérée ».

 

Pourquoi pas du 100% Bio ?

L’idĂ©e c’est vraiment de trouver cet Ă©quilibre autour du « bien manger » qui passe par du Bio bien sĂ»r, mais aussi du local, des produits de saison et de qualitĂ©, le choix de nos partenaires et producteurs que nous aimons rencontrer rĂ©guliĂšrement. Nous avons besoin de connaĂźtre et ĂȘtre raccord avec leurs façons de travailler. Il y a des contraintes Ă©conomiques Ă  ce type de fonctionnement mais aussi de volumes. En effet l’an dernier, nous nous sommes heurtĂ©s Ă  cette problĂ©matique de volume car nous sommes passĂ©s de 100 Ă  800 repas par jour (en l’espace de 3 ans)!

 

Il fallait donc trouver des producteurs capables de nous fournir autant. Certains ne pouvaient pas suivre techniquement, mais n’en avaient aussi pas l’intĂ©rĂȘt puisqu’ils peuvent vendre leurs produits plus chers sur des marchĂ©s. Notre objectif n’étant pas de dilapider nos petits producteurs locaux, nous avons donc dĂ» trouver d’autres fournisseurs qui pourraient rĂ©pondre Ă  nos besoins.

 

Qu’est-ce qu’une « entreprise bienveillante » ou « libĂ©rĂ©e » ?

L’idĂ©e Ă©tant d’avoir une entreprise en cogĂ©rance, que le projet soit coconstruit avec toute l’équipe. Nous voulons laisser beaucoup de libertĂ© et de responsabilitĂ©s aux salariĂ©s pour dĂ©velopper un rĂ©el bien-ĂȘtre au travail. Nous souhaitons que nos salariĂ©s trouvent leur place au Moulin dans les projets qui les intĂ©ressent. Par exemple un employĂ© ici va dĂ©couper les lĂ©gumes le matin, prĂ©parer les repas, les livrer et ensuite faire la comptabilitĂ© de l’entreprise s’ils aiment ça ou qu’ils ont Ă©tĂ© formĂ©s Ă  la base en compta.

 

Nous essayons d’internaliser un maximum en fonction des envies et compĂ©tences de chacun. Nous sommes passĂ©s de 7 Ă  40 salariĂ©s en 4 ans. L’objectif est aussi de redorer le blason de la restauration rapide en supprimer le turnover, nous voulons que toute l’équipe ait le dĂ©sir et la possibilitĂ© de porter le projet du Moulin.

 

Tous vos produits sont-ils préparés sur place ?

Nous sommes livrĂ©s tous les matins en matiĂšres premiĂšres et tous nos produits sont faits maison. Nous tenions Ă  ce que chacune de nos boutiques ait sa propre cuisine. Un salariĂ© qui aura rĂ©ceptionnĂ© et prĂ©parĂ© ses lĂ©gumes le matin-mĂȘme saura mieux parler des produits qu’il propose. L’expĂ©rience passĂ© avec l’espace TUBA Ă  Part-Dieu nous a prouvĂ© qu’une boutique dans laquelle nous ne faisions que de la vente Ă©tait un modĂšle imparfait. Ce modĂšle est gourmand en petits contrats, et ne permettait pas Ă  tous les salariĂ©s d’occuper des postes polyvalents et enrichissants. L’état d’esprit du Moulin Ă©tait moins prĂ©sent.

 

Qui conçoit les recettes / menus ?

Depuis 2/3 ans, nous laissons la possibilitĂ© Ă  ceux qui le dĂ©sirent, de participer et proposer des recettes. Un calendrier de saison vient d’ĂȘtre mis en place et il Ă©voluera tous les trimestres. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale nous avons des produits « fil rouge » et 2 ou 3 ingrĂ©dients changent par mois. Nos salariĂ©s sont trĂšs investis, il y a une vraie dynamique interne.

 

Quels liens entretenez-vous avec vos fournisseurs / producteurs ?

Nous avons mis en place des liens assez forts avec nos partenaires. Nous travaillons avec certains depuis de trĂšs longue date, mĂȘme avant les dĂ©buts du Moulin et nous avons quelques nouveaux partenaires assez rĂ©cents. Nous travaillons aussi bien avec des petits, moyens que gros partenaires et avons rĂ©ussi Ă  nous dĂ©tacher totalement de MĂ©tro. Nous sommes Ă©galement en train de mettre en place un service achat, grĂące aux compĂ©tences en interne, de belles Ă©nergies Ă  impliquer davantage dans l’entreprise.

 

Pensez-vous que votre clientĂšle des Charrettes soit principalement attirĂ©e par le « manger sain » ou bien davantage par l’aspect pratique de la livraison ?

Nous avons un panel de clients trĂšs large. Il y a ceux qui ne sont pas forcĂ©ment « Ă©duquĂ©s » Bio, manger sain, local
 Nous avons aussi des produits gourmands, plus traditionnels Ă  leur proposer mais nous sommes ravis de leur prĂ©senter des alternatives. Leur faire dĂ©couvrir d’autres produits pour consommer de saison et (re)-dĂ©couvrir de nouvelles saveurs. Pourquoi pas mĂȘme, aller plus loin dans l’idĂ©e en dĂ©veloppant encore plus nos propositions d’écolonomie : avoir une rĂ©duction s’ils ne prennent pas de couverts ou venir directement avec leur propre Tupperware rĂ©utilisable. Et puis il y a ceux qui sont dĂ©jĂ  convaincus et qui viennent pour ça, parce que c’est ce qu’ils recherchent.

 

Êtes-vous, vous-mĂȘme, consommateur Bio ?

J’aimais dĂ©jĂ  l’idĂ©e avant d’intĂ©grer l’équipe du Moulin. Et puis y travailler a changĂ© ma façon de consommer. Je consomme beaucoup plus de bio, local, de produits non transformĂ©s, mais pas uniquement. J’aime beaucoup le principe d’adopter une « approche globale intelligente ».

 

En rĂ©sumĂ© le Bio fait partie d’une maniĂšre d’agir globale.

Parce qu’une alimentation plus saine passe aussi par des produits locaux, de saison et cultivĂ©s par des producteurs soucieux de la qualitĂ© de leurs produits. Mais aussi par une Ă©volution des comportements et la pratique de l’écolonomie. En rĂ©duisant notre consommation de couverts en plastique par exemple nous pouvons limiter au maximum l’impact de notre activitĂ© sur la bio-sphĂšre.